Artisans

La boulangerie devenue usine...

Armagh

 — Dans le beau village d’Armagh, on remonte la rue Principale pour aboutir à l’Usine 60, dans l’ancienne boulangerie qui abrite toujours un four à pain de 20 pieds sur 26 pieds. Ce n’est pas là que l’artiste cuit ses «biscuits» de terre. Mais elle pétrit l’argile sur la table où l’on pétrissait autrefois le pain. Elle s’est installée là il y a trois ans et y produit depuis ses tableaux, ses sculptures et ses céramiques utilitaires.

Usine 60 tient en partie son nom de la Factory (usine) d’Andy Warhol, ouverte à New York dans les années 60. Lieu de création très prolifique, il accueillait des gens de plusieurs disciplines. Pour ajouter à la comparaison, «les murs de la Factory étaient peints de couleur argent, comme ceux de l’atelier à notre arrivée», explique l’artiste. 

Usine 60, ce n’est pas seulement Mélissa Fillion, même si elle signe la grande majorité de la production. Elle travaille avec son conjoint, Travis Fäst, potier de formation devenu professeur d’économie politique à l’Université Laval. 

Boutique-galerie

Dans la grange derrière l’atelier, Usine 60 est en train de monter une boutique-galerie, un bel espace qui met en valeur les toiles de l’artiste. Ses tableaux créés grâce à des techniques mixtes (fusain, aquarelle, acrylique, plâtre et objets intégrés) ont quelque chose de mécanique. Une signature qui se retrouve aussi dans ses sculptures et sur sa céramique. «Je me sens comme une machine; nous sommes tous des usines.» 

En motif, elle a déjà exploité la roue qui tourne du cirque. Elle est passée à «la montagne, au défi». Elle s’adapte aussi à ses points de vente, comme la collection Chèvre qu’elle réserve pour la ferme fromagerie Cassis et Mélisse. Mélissa Fillion a fait dans la «céramique de propagande», dixit son conjoint, avec ses carrés rouges arborant les inscriptions «Je me souviens» et «78». Et dans la céramique engagée avec sa série de verres Pas de nickel dans ma ruelle, en référence à la poussière sur Limoilou, à Québec. Tout ce qu’elle crée est pour elle objet de communication, d’échange. Elle pousse d’ailleurs le concept avec ses sculptures porte-voix, certaines recourbées pour s’autoparler-écouter. 

Dans un présentoir de la galerie-boutique d’Armagh, les pièces uniques de Mélissa voisinent quelques objets de poterie de Travis. Des formes plus classiques, «de par [sa] formation», dit-il presque en s’excusant. Elles sont tout aussi intéressantes. Pas étonnant que leur petite Anaïs, 4 ans, tourne déjà la matière, tout naturellement.

usine60.blogspot.ca

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